Le nouveau vaccin contre le sida soulèvent d’importantes questions

Par admin • 22 Oct, 2009 • Catégorie: VIH-sida

Annoncés le 24 septembre dernier, les résultats « positifs » du vaccin « RV 144 » restent inexpliqués. Afin de prolonger les recherches sur les vaccins, les scientifiques français demandent de l’argent, mais surtout des « concepts ».

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Paris, 19-22 octobre : A l’occasion de « AIDS Vaccine 2009 », la plus importante réunion internationale en matière de vaccins contre le sida, les résultats de l’essai thaïlando-américain ont été entièrement dévoilés. La surprise fut au rendez-vous. Nous savions depuis un mois que le vaccin « RV 144 » a fait ses « preuves ». Cependant, les données du groupe vacciné ne sont pas corrélées à une réponse en cellules T et B, des lymphocytes essentiels à la défense de l’organisme. En d’autres termes, ce groupe n’a pas développé les signes classiques des mécanismes d’alerte et de défense de l’organisme.
Le RV 144 a toutefois réduit de 32% le nombre de personnes infectées entre le groupe placebo et le groupe vacciné. Cette « preuve de concept » marque une avancée sans précédent dans le monde de la recherche, puisqu’elle montre qu’un vaccin peut avoir des effets concrets sur l’infection. Etant donné que les 50% de réduction du taux d’infection envisagé n’ont pas été atteint, aucune licence n’a été déposée.

Pour Yves Lévy, co-président de l’événement, et directeur du programme vaccinal de l’Association Nationale de la Recherches sur le Sida (ANRS), « Le mystère qui reste à élucider, c’est le mécanisme de protection que confére par le vaccin ». Cet essai se base sur deux outils, utilisés séparément dans des essais antérieurs. Il s’agit de vecteurs vaccinaux dont le rôle est de présenter la carte d’identité du VIH au systéme immunitaire. Le premier avait stimulé la production de lymphocytes T chez 20% des personnes, lors de l’essai ALVAC, et le second avait activé des anticorps neutralisant chez 90 % des sujets, dans l’essai AIDSVAX®. Le vaccin RV 144 relève d’une stratégie de prime-boost, c’est à dire qu’il combine ces deux vecteurs. Il reste donc à découvrir comment s’agencent les effets déclenchés par chacun des vecteurs pour protéger l’organisme contre les infections.
Si l’essai « Thaï » a redonné de l’espoir a une recherche vaccinale en berne, il ne prouve pas pour autant que le virus puisse être définitivement vaincu. D’autres questions sont soulevées. La réduction du taux d’infection dégringole de 60 % à 31%, par exemple, entre le début de l’essai et la quatrième année. Cela pourrait s’expliquer parfaitement par l’absence de rappel vaccinaux, bien qu’il ne s’agit que d’une hypothèse. Cette dernière ne sera pas testée.

« La recherche doit évoluer, poursuit le professeur Yves Lévy, il nous faut des vecteurs plus efficaces, il nous faut en tester d’autres ». Réalisé par le ministère de la santé thaïlandais sur le territoire national, l’« essai Thaï » a été financé par les Etats-Unis, via un programme de recherche de l’armée. D’un coût total de 1OO millions de dollars, il a permis de tester le vaccin sur des populations exposées normalement au virus. Il fallait donc un très grand échantillonage de personnes, afin de rendre les différences d’infection significatives. L’étude, qui a portée sur 16 000 sujets, groupe vaccinal et placebo confondu, fut menée à une ampleur sans équivalent. Pour comparaison, le vaccin de Merck, arrêté en 2007, avait fait l’objet d’un essai incluant 3000 personnes. En revanche, l’extrême diversité des personnes impliquées dans l’essai « Thaï » laisse de nombreuses hypothèses en suspens. « Les essais de phase III présentent l’inconvénient de rendre les analyses difficiles. Il serait bien trop coûteux d’effectuer des tests sur chacun des sujets pour comprendre en détail ce qui caractérise l’évolution immunitaire » a précisé Yves Lévy. « De manière générale, nous avons besoin de plus de fonds » concluait-il lors de la conférence de presse destinée aux journalistes français.
Les deux autres co-présidents de l’événement, Jean-François Delfraissy, le directeur de l’ANRS, et Françoise Barré-Sinoussi, que l’on ne présente plus, ont précisé par ailleurs que dans la recherche, l’économie « ne faisait pas tout ». Les laboratoires ont besoin de nouveaux concepts, et de nouvelles techniques. C’est pourquoi l’événement a été organisé « à l’interface de la recherche fondamentale et de la clinique ».

Jautrou Henri

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